Il est vendredi soir, tu fais des carbonara, tout va bien, les spaghettis sont plongées dans l’eau bouillante, à feu doux, elles y resteront pendant sept-neuf minutes, tu coupes un oignon en lamelles, tu le fais dorer dans l’huile d’olive dans une poêle bien chaude, une fois les lamelles colorées et dorées, tu mets les lardons, tu les saisis, seulement une fois saisis tu laisses cet ensemble mijoter. Malgré la musique, tu perçois ce doux chant, tu sens l’odeur de diffuser, se caraméliser, tu vois fondre les éléments, ça se passe bien, ta satisfaction est complète. Tu es réellement apaisé par ce bête et simple exercice.
Tu parachèves cette sensation par l’ajout de l’assaisonnement, ces graines de poivres issues du Malin, la puissance de ces grains moulus révéleront les arômes du plat.
Puis, tu sors deux œufs, tu sépares les jaunes des blancs, tu imagines déjà déposer délicatement ce jaune d’oeuf au sommet de tes pâtes carbonara. La perfection de cette couleur, cette membrane qui refuse de céder, la rondeur et la pureté de cette cellule t’assaillent.
Tu vas mettre la crème fraîche dans ta poêle, tu vas la faire fondre et se mêler aux arômes diffus des oignons caramélisés et du porc.

Et quand j’ouvert mon frigo, crème fraîche est pas là.
Tu paniques, t’as le seum, vous aviez fait spécialement les courses pour ce repas. Putain, oublier la crème fraîche, sah.
Tu réfléchis, tu as du lait, quelque chose censé être du fromage blanc, tu te lances dans l’action démesurée d’ajouter ce Câlin 0% à ton chef d’oeuvre. Tu sais que ça va être un échec, que ce ne sera pas le résultat escompté.
Tu le fais quand même. Puis tu cherches d’autre solution, du lait et de la farine? Essaye donc.

Au final c’était clairement pas bon