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Il en faut-il peu pour être heureux ?

Bonjour, bonsoir, tout.e.s !

J'ai récemment participé à un concours d'éloquence, expérience aussi bien enrichissante qu'intéressante.
Je vous propose donc le discours que j'ai tenu sur la problématique "il en faut-il peu pour être heureux ?" (oui, le jury s'est éclaté, l'un de mes collègues avait "Claude François a-t-il un coup de foudre ?")

J'aimerais beaucoup l'enrichir avec différentes références, je ne me suis en effet basée que sur la philosophie antique mais je suis sûre qu'il y a des dissertations plus récentes sur ce problème du bonheur.

N'hésitez donc pas à discuter, débattre, me donner des conseils... pour la prochaine sélection :D

Bisous <3
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Comme, j’imagine, beaucoup d'entre vous, cette question m’a immédiatement fait penser à la chanson qui y répond par l’affirmative.
En 1967, Terry Gilkyson compose cette chanson pour les studios Disney et leur adaptation du roman de Kipling, Le Livre de la Jungle. Le titre original « The Bare Necessities » (littéralement : les stricts besoins) est traduit en français par « Il en faut peu pour être heureux ». Cette chanson est pleine de conseils que distribue l’ours Baloo à son protégé Mowgli.
« Se satisfaire du nécessaire »
« Chassez de votre esprit tous vos soucis »
« Prenez la vie du bon côté »
« Riez, sautez, dansez, chantez »
L’insouciance de Baloo lui est cependant reprochée par l’autre figure paternelle de l’oeuvre, la panthère Bagheera.

L’ours a-t-il donc tort de se contenter de peu pour être heureux ? Le bonheur, cet état de plénitude et de satisfaction absolues, durables, ne se réalise-t-il qu’une fois de nombreux facteurs cumulés ?

Être heureux, c’est avoir conscience d’avoir atteint l’état de bonheur. C'est avant tout une prise de conscience d’avoir tout fait pour atteindre le but que l’on voulait, dans notre propre définition du bonheur. Pour certains, le bonheur c’est une famille que l’on fonde ; pour d’autres, c’est le fait de changer ce qui ne nous convient pas dans le monde ; pour d’autres encore, c’est passer du bon temps sans se soucier des conséquences. Et pour certains, le bonheur est fondamentalement lié à la liberté.

Je pense que nous pouvons tomber d’accord sur le fait qu’un bon verre de vin, un plat soigneusement préparé ou la caresse d’un être aimé apportent une satisfaction immédiate, mais qui ne dure pas, pour la plupart des humains en tout cas. De plus, quand les gens mentionnent le bonheur, c’est souvent au passé.
“Qu’est ce que je regrette cette époque, où j’étais heureuse.”
Il est plus facile de prendre conscience d’un bonheur passé que l’on compare aux situations se détériorant : on ne comprend le bonheur qu’une fois perdu.
De plus, tout humain que nous sommes, notre instinct animal nous oblige à favoriser, dans nos souvenirs, les malheurs et les pires événements qui nous arrivent. Pourquoi (me demanderez vous) ? Tout simplement car ce sont les mauvais expériences et les échecs qui nous donnent des leçons.
Je suis cependant intimement convaincue que si le malheur nous forge, le bonheur lui, nous permet de survivre.

On peut retrouver le questionnement autour du bonheur chez les Anciens philosophes grecs, notamment chez Epicure, dont le nom est parfois utilisé à tort lorsqu’une personne se qualifie “d’épicurienne” parce qu’elle aime la bonne chair.
Pourtant, Epicure distingue bien les désirs naturels et nécessaires, comme la faim ou la soif, des autres désirs qui ne sont pas, eux, nécessaires. Pour lui, satisfaire les désirs naturels nécessaires apporte une paix du corps et de l’âme, ce qui est absolument un prérequis pour atteindre l’état de bonheur. Ce qui n’est pas nécessaire, toujours selon Epicure, c’est de manger des plats que l’on aime et de consommer des boissons que l’on apprécie. Comme pour Aristote, c’est la juste mesure qui doit être appliquée dans la satisfaction des désirs non-nécessaires.
Dans cette optique, il en faudrait donc peu pour être heureux et atteindre l’ataraxie* : manger quand on a faim, boire quand on a soif, sans abuser d’une satisfaction secondaire d’un désir vain et inutile.
Se contenter de peu pour être heureux est une sagesse qui se perd dans notre société occidentale moderne, que je qualifierais d’ultra-consommatrice. Nos besoins nécessaires naturels, la faim et la soif, peuvent être instantanément satisfaits, pour la plupart d’entre nous. Il ne nous resterait donc que la satisfaction des désirs non-nécessaires pour ne plus voir notre âme troublée. Si certains apprécient le gras d'un kebab et une bonne bière, d'autres optent pour la haute gastronomie et les millésimes les plus raffinés. Le peu est subjectif, propre à chacun.

La quête du bonheur est poursuivie par chaque humain, par chacun d'entre nous. Elle peut paraître vaine, inutile, utopique même. Rappelons que, dans toute quête, c'est le chemin qui compte, pas l'arrivée. N'en déplaise à Epicure, un bonheur ponctuel est un bonheur quand même, même s'il consiste en la satisfaction d'un désir non nécessaire. La longueur de la route, qu'il en faille peu ou beaucoup pour être heureux, ne dépend que de ce qui fait votre bonheur.
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