Poésie 18


Et dans le tourbillon au néant emporté
Aimez bien vos nouveaux amours, aimez l'amour qui rêve
Le soleil, comme nous, marche à sa décadence
Abattu par le temps, il rêve l'éternité
C'est lui que vous cherchez quand votre avril se lève
Cet astre dont le temps a caché la naissance
Leur visage est funèbre et leur yeux sereins
Vous rêvez d'une danse funèbre et monotone
La tristesse a jeté sur mon coeur ses longs voiles
Comme les horizons vastes des cieux marins
Vous rêvez dans les brouillards d'automne
Et depuis j'ai sombré dans la mer des étoiles
Et les bois, et les monts, et toute la nature
Ici viennent mourir les derniers bruits du monde
Larmes, vous avez chu dans l'aube au sillon des chemins
Tout semble s'interroger dans un confus murmure
Ici l'âme isolée se plonge en une paix profonde
Vous pleurez de mes tristes yeux, vous tombez de mes mains
C'est lui dont la terre appelle encore la flamme
Veux-tu mourir, dis-moi ? Tu souffres et je souffre
Sous ses nuages dorés, l'aube n'a plus de zéphire
Et qui, triste d'errer, cherche toujours une âme
Et nos coeurs sont profonds et vides comme un gouffre
Sur les flots décolorés, la pourpre du soir expire
Un jour où le silence en neige immense tombe
Comment roulent les cieux, et quel puissant génie
Le charme tout-puissant de la philosophie
Presque géométriquement en croix comme une tombe
Des sphères dans leur cours entretient l'harmonie
Élève un esprit sage au-dessus de l'envie
Salut, clarté du jour, éternelle lumière
Nous étions là tristes, buvant la paix du sanctuaire
Comme une vieille cité déclinante et seule
Du ciel la fille aînée, et la beauté première
Aux vagues reflets d'améthyste, sous la veilleuse mortuaire
De qui les clochers sont de moroses aïeules
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